Mehdi Bourkia est né au sud du Maroc en 1969. Sa démarche artistique et sa culture particulières le rattachent à ses racines, à la terre. Pour concrétiser sa vision, il a banni de ses toiles l'huile, l'acrylique ou toute ressemblance à des couleurs en tubes… il les remplace par des terres aux teintes variées, des cendres, du charbon, du métal ou des épices. Il parcourt les rues, les vallées, lacs et rivières, collectant tout ce que l'être humain jette, entassant cette récolte arrachée au hasard comme un trésor secret : restes de fer rouillés, vielles affiches, cendres, terres... À l’aide de ces débris tombés dans l’oubli, sans plus aucune fonction, sans âme, il va reconstruire un pays imaginaire. Les objets retrouvent vie, se mélangent, reprennent de la couleur. Sur la toile, ils chantent le bonheur retrouvé d’exister. L’artiste vit à Goumois et le «Jura» est une source d’inspiration. Il s’imprègne également des lieux qu’il visite, y récolte des terres ou des épices. Il en crée alors une forme d'aggloméré de sa pensée. Chaque tableau est réceptacle de ses mythologies personnelles. Mehdi Bourkia travaille souvent par thème : façades d’immeubles Chaux-de-Fonniers, grilles de Sudoku, faces cachées de l’être …. Chaque soir, il prend place, seul, à sa table de travail. Un dialogue naît entre l’homme et la solitude. Ce dialogue place le peintre au cœur de la notion de partage. C’est un moment que Medhi Bourkia décrit comme magique et merveilleux. Son œil, sa main cueillent dans la matière les aspérités, les craquelures, les coulées de gris, de brun, de rouge dans l'éclatement d'une riche diversité. La peinture devient la quête incessante d’une inaccessible étoile. Elle est passion, mais aussi souffrance. Sous des gestes apparemment sans agitation, sans tempête, se cache un bouillonnement intérieur. Alors, soudain, à la table de travail, c’est un jaillissement rapide, un éclair de créativité.
exposition @
café du soleil, saignelegier
